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Voyage dans la dimension mp3

lundi 14 août 2006, par cyrille

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Comme au bon vieux temps des premiers stages de l’ENGEES, je profite d’une semaine de congés pour m’exiler tout seul en pleine immersion à l’étranger. En effet, pour fêter ses 20 ans, la radio libre Dreyeckland, ouvre ses portes à Fribourg en Brisgau. Dans l’antre d’une ancienne usine reconvertie en logements, entre un jardin d’enfants et une cheminée industrielle transformée en œuvre d’art dont l’utilité immédiate m’échappe, un local exigu permet aux 4 petits studios de fonctionner avec beaucoup d’huile de coude bénévole et d’exister légalement. Il n’en a pas toujours été ainsi, car la station est née pirate sous le nom de « Radio Verte Fessenheim », dans le combat contre la construction de la centrale nucléaire sur la rive française du Rhin, puis a émis depuis Colmar en profitant de la libération des ondes en 1983. A la libéralisation des ondes allemandes en 1987, elle a cessé ses émissions pirates et son exil.

Dans l’immédiat, la station est pour moi la porte d’un nouveau monde nommé Esperantio. A l’appel de Konrad, 7 jeunes gens ont répondu présent pour un séminaire international de 2 jours dont la langue de travail est l’espéranto. Il s’agit de produire le magazine « Esperanto » mensuel diffusé le lundi suivant. Le vendredi soir est occupé à préparer le lendemain puis à des jeux de plateau, dont le fameux « Die Siedler von Katan », pratiqué en esperanto avec mon exemplaire en français. Mais au fait, qu’est-ce que l’esperanto ? En trois mots, il s’agit d’une langue construite pour faciliter l’intercompréhension des personnes de divers peuples en permettant le droit à l’égalité culturelle. L’espéranto est plus facile à apprendre que n’importe quelle langue nationale, tout simplement car elle a été conçue dans cette optique avec une très grande régularité des règles de grammaire.

Le lendemain, après la séquence historique et le film des débuts de la station, tout en allemand, j’ai le cerveau en ébullition. Mon allemand scolaire n’a pas résisté ! Heureusement que nous repassons à l’esperanto pour la présentation des outils de travail informatiques (Directcut et Audacity). Et dans la foulée, nous voilà partis en ville munis d’un micro et d’un magnétophone à mini-disc en quête de passants européens pour leur demander : « Entschuldigen Sie, Haben Sie schon einmal von Esperanto gehört ? ». Certaines réponses sont risibles „Äh... nein, wir sind nicht von hier.“

Au fait, quand mange-t-on le midi en allemagne ? Bizarre, je n’ai pas osé demander durant tout le séjour. La langue commune n’efface pas toutes les différences !

Ne parlant pas allemand, je suis un peu exclu de l’exercice, mais pas inquiet : les français qui pensaient échapper à la horde de jeunes journalistes en herbe en ont fait les frais. 2 interview dans la boite « Bonjour, pour Radio Dreyeckland, que pensez vous d’une langue commune en Europe ? ». Comme d’habitude, j’ai droit à la sempiternelle confusion entre « commune » et « unique » car tout le monde préfère bien évidemment « garder sa langue ». Lorsqu’il s’agit de travailler avec 4 ou 5 nationalités autour de la table, qu’est-ce qu’on fait pour que tous soient à égalité ? La question « Avez-vous déjà rencontré un être humain parlant l’esperanto » fait son petit effet pour quelqu’un découvrant à l’instant un groupe multinational conversant avec d’étranges sonorités.

Chacun d’entre nous s’essaie au difficile exercice de l’interview en pleine rue, avec les bruits de tram. Etre journaliste radio n’est décidément pas aussi simple qu’il y paraît. Au détour d’une rue, nous rencontrons un grec ne parlant qu’anglais pour une discussion trinationale. Le souvenir de son premier séjour en France rappelant un cauchemar, il est très enthousiaste à l’idée que « English is the only language you need to learn », mais il s’agit d’une autre histoire. Au bout de quelques heures sous la pluie, nous avons assez de matière pour monter notre émission et il est temps de rejoindre la gare pour accueillir la dernière participante : L’animatrice de Radio Havana Kubo en personne nous rejoint pour ce séminaire. Visiblement, quelqu’un a du oublier de lui dire que le climat n’est pas tropical à Fribourg ! Les 10 °C pluvieux de cette fin d’après midi l’ont bien refroidie. Le dépaysement continue le lendemain matin lors de son interview, en esperanto cette fois, par Konrad. Petit à petit, je comprend comment les cubains travaillent, surtout à l’ancienne avec une forte division des tâches : les journalistes s’occupent du contenu, les techniciens s’occupent des bandes. La radio cubaine émet en 9 langues dont le Quecha. Pour ma première rencontre avec une cubaine, c’est intéressant mais un peu ch....Pas moyens d’avoir 3 idées sans subir 20 minutes de discours. Soudain je me souviens que Fidel Castro tient au moins 7 heures à chaque sortie ! Il semble de bon ton de discourir pour ne rien dire dans leur société.

Mon épouse et mes filles m’ont rejoint entre-temps, j’en profite pour sécher le montage en mp3 des fichiers pour l’émission du lendemain, et à la place les accompagner aux jeux pour enfants. Les installations allemandes sont toujours enviables dans ce domaine. Esperantio a disparu, l’immersion prend fin, et je me remets à penser en français.

Au fait, je n’ai toujours pas trouvé d’utilité à la cheminée surmontée d’un chapeau psychédélique en inox.

Avril 2005, publié dans le journal de l’AMENGEES en octobre 2005.


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